Le Grime se propage au-delà des sous-sols de Londres
Par Paul Hackett
À 3 h du matin, pressé dans une petite boîte de nuit de l'est londonien sentant la sueur, le groupe Slew Dem Crew crache des mesures devant un public tapageur qui se réjouit de la popularité grandissante de la nouvelle obsession musicale de la Grande-Bretagne.
Le Grime, qui trouve son origine dans le rap et la musique de garage, profite d'une période de succès depuis que l'artiste britannique Skepta a remporté le prestigieux Mercury Prize en septembre et que le londonien Stormzy a produit le premier album à succès du Grime, en mars.
Dans les petits cafés, studios de stations radio indépendantes et boîtes de nuit de Londres, les éloges et les récompenses couvrent les protestations de ses détracteurs, qui estiment que ce style de musique glorifie la violence.
« Je dirais à ces personnes qu'elles n'ont pas écouté assez de Grime, car il y a tellement de créativité dans ce milieu qu'il est impossible de nous rabaisser avec ce genre de déclaration », déclare Rage, 32 ans, membre de Slew Dem Crew, à Reuters.
« Le Grime est maintenant reconnu dans le monde entier. Des gens de toutes les origines et de tous les genres écoutent, achètent et font du Grime ».
Les artistes de Grime abordent la drogue, l'argent, le respect, les guerres de territoires et d'autres sujets controversés, le tout à un rythme de 140 mesures par minute.
« Nous avons pour la plupart un passé sombre et difficile. Les paroles que nous écrivons sont peut-être violentes, mais c'est juste une forme d'expression », précise Clipson, un autre membre de Slew Dem Crew.
L'énergie sur scène est contagieuse, les festivités folles des artistes et du public mettent en valeur la camaraderie au lieu de la compétitivité.
« J'adore l'atmosphère de la scène et jouer avec les gars... tout le monde s'entraide. Pour moi, c'est une question d'unité », indique Tiny K, 21 ans et membre du groupe The Collective.
« Pour les gens, c'est synonyme de difficultés... Mais je pense que ça m'a permis d'éviter les problèmes ».
Le monde en perpétuelle évolution du Grime a été présenté comme « une force commerciale » par The British Phonographic Industry en janvier et a même fait parler de lui lors des élections en Grande-Bretagne.
Le chef du parti travailliste britannique de l'opposition, Jeremy Corbyn, s'est entretenu avec l'artiste de Grime JME avant le vote du mois dernier pour tenter de faire connaître son programme aux jeunes électeurs.
Même si le grand public les plébiscite, ces artistes ne sont pas prêts à être contrôlés.
« Le Grime est un moyen pour les défavorisés d'exprimer leur créativité et de montrer ce qu'ils veulent », déclare Squintz, rappeur de 18 ans.
(Rédaction Patrick Johnston ; publication Andrew Heavens)