Sous la surface : raconter l'histoire de la préservation marine au travers de photos et de vidéos

Le photographe d'art animalier Chris Fallows et le vidéaste sous-marin Nicolai Deutsch expliquent comment ils utilisent leurs supports respectifs pour mettre en lumière la réalité de la vie marine dans les océans aux quatre coins du globe et promouvoir la préservation des espèces.
Le vidéaste sous-marin Nicolai Deutsch, tenant son rig de tournage sous-marin. Un grand banc de poissons semble tourner juste au-dessus de lui.

Le vidéaste et cinéaste sous-marin Nicolai Deutsch a choisi sa carrière en raison de sa passion pour la plongée et l'océan. Il admet qu'il se souciait peu de l'environnement à l'époque. Cependant, grâce à son travail, il a pu constater par lui-même l'évolution des océans aux quatre coins du globe et s'engage désormais à témoigner de ce phénomène ainsi que de l'impact de l'activité humaine sur la vie aquatique et les milieux marins.

Quand on aime la nature, on souhaite logiquement la préserver. Ce n'est donc pas un hasard si les photographes animaliers sont également d'ardents défenseurs de l'environnement, qui s'attachent à documenter et à améliorer l'état du monde naturel, tout en sensibilisant les populations.

Nous discutons ici avec un célèbre photographe animalier et un jeune vidéaste sous-marin de renom, qui allient tous deux art et engagement, utilisant leur travail pour informer leur public et le sensibiliser aux questions environnementales.

L'ambassadeur Canon Chris Fallows est connu pour ses photographies artistiques de la faune, mais selon lui, créer de belles images n'est pas une fin en soi. « Je privilégie l'authenticité, en cherchant à raconter ce qui arrive réellement aux espèces les plus emblématiques de notre planète ». Grâce à l'exposition et à la vente des tirages de ses photos, Chris peut transmettre cette histoire à un public international. Nicolai Deutsch, également ambassadeur Canon, est un spécialiste de la vidéo sous-marine qui réalise toutes sortes de travaux, notamment commerciaux et documentaires, mais surtout des vidéos sur la vie marine en partenariat avec des ONG dédiées à la protection de l'environnement et de la faune. Ses vidéos, publiées principalement sur les réseaux sociaux des ONG ainsi que sur les siens, atteignent des milliers, voire des millions de vues pour certaines.

Que ce soit par le biais de photos ou de vidéos, ils cherchent tous deux à illustrer l'impact de l'activité humaine sur la vie marine dans le monde et à changer les choses grâce à leurs images.

Des photos artistiques de la faune avec un objectif précis

Chris Fallows planifie minutieusement chacune de ses prises de vue en choisissant la période de l'année, le lieu et même les conditions météorologiques et nuageuses afin d'obtenir la toile la plus spectaculaire pour immortaliser ses sujets. Toutefois, ces derniers sont toujours des animaux sauvages, qui peuvent être très dangereux. Il se doit donc d'en apprendre le plus possible sur eux afin de pouvoir les approcher suffisamment et de réaliser un superbe cliché tout en restant en sécurité.

« Je dirais que, quelle que soit la forme de photographie animalière que vous pratiquez, il est essentiel de bien connaître son sujet », souligne Chris. « On peut apprendre les aspects techniques d'un appareil photo ou d'une caméra en lisant un manuel ou en suivant une formation. En revanche, le fait de passer du temps sur le terrain pour me familiariser avec le comportement de mes sujets m'a été d'une grande aide dans mon travail ».

Le photographe d'art animalier Chris Fallows, photographié dans un désert, tenant un Canon EOS R5 équipé d'un objectif Canon RF 70-200 mm F2.8L IS USM.

Chris Fallows

Né en Afrique du Sud, Chris pratique depuis plus de 25 ans la photographie animalière, une discipline qu'il a érigée en art. Il est surtout connu pour ses images de requins blancs emblématiques et ses portraits intimes d'animaux réalisés dans les océans, l'air et sur la terre.

Équipement préféré : EOS R5, objectif RF 70-200mm F2.8L IS USM

La patience et la chance entrent également en ligne de compte. La série Air Jaws de Chris fait partie de ses travaux les plus célèbres. On y voit de grands requins blancs perçant la surface de l'eau pour capturer leur proie. Ce comportement n'avait jamais été photographié auparavant, et personne n'en avait même connaissance. Chris prenait des photos sur un petit bateau en pleine mer, dans les conditions de basse lumière typiques des mois d'hiver nuageux en Afrique du Sud. Les phoques, proies des requins, étaient à peine visibles même à la surface, et la moitié du temps, ils plongeaient. Les requins eux-mêmes étaient bien sûr invisibles jusqu'à ce qu'ils surgissent hors de l'eau, et même dans ce cas, révèle Chris, cet instant ne dure que 7/10e de seconde.

Sur cette photo monochrome à contraste élevé prise par Chris Fallows à l'aide d'un Canon EOS R5, une baleine saute presque complètement hors de l'eau et sa silhouette se dessine sur d'épais nuages.

« Au lieu de me contenter de photographies animalières classiques », confie Chris Fallows, « j'essaie de créer des images qui amènent le public à se demander s'il s'agit d'une peinture, d'un dessin ou d'une photo. J'utilise mes images pour mettre en valeur les emblèmes de notre planète, raconter leur histoire (qu'elle soit heureuse ou malheureuse), et inciter les gens à devenir des défenseurs du monde naturel ». Photo prise à l'aide d'un Canon EOS R5 équipé d'un objectif Canon RF 70-200mm F2.8L IS USM à 70 mm, 1/2000 s, f/3,5 et ISO 160. © Chris Fallows

Le photographe d'art animalier Chris Fallows, allongé sur le sol, pointe son appareil photo Canon vers deux crocodiles situés au bord de l'eau, juste devant lui.

Chris réalise la plupart de ses prises de vue marines sur un bateau avec une plateforme spécialement construite au niveau de l'eau, mais son approche est généralement la même sur terre. « Quand je peux », dit-il, « j'utilise toujours des objectifs courts, je me rapproche de mes sujets et j'essaie d'utiliser un angle qui me permet d'accentuer la magnificence des créatures emblématiques avec lesquelles je travaille, au lieu de les photographier en plongée ».

Chris a compris qu'il devait se concentrer sur les phoques, et c'est là que sa connaissance de ces animaux s'est avérée particulièrement utile. Il a appris à identifier les zones où les phoques étaient les plus vulnérables aux attaques autour de l'île et a observé ces derniers pour détecter tout comportement inhabituel. « Ensuite, dès qu'ils agissaient différemment, je commençais à les photographier. Je n'avais même pas vu le requin à ce stade ».

Leçon du jour : quand on cherche à photographier la réalité, on ne peut pas suivre un scénario préécrit. La véritable histoire est celle qui se déroule sous vos yeux.

Outre ce comportement pour le moins inhabituel, il est tout aussi étonnant d'apprendre que les grands requins blancs « volants » d'Afrique du Sud ont désormais disparu. « Quand je les ai découverts pour la première fois en 1996, personne ne connaissait leur existence, et nous avons réalisé plus de 100 grands documentaires en leur compagnie », précise Chris. « En 2018, cependant, ces animaux ont disparu à cause des filets anti-requins, de la pêche aux requins à la palangre et d'autres causes d'origine humaine. J'ai eu le privilège de photographier le comportement le plus spectaculaire jamais observé par le prédateur marin le plus emblématique de notre planète au cours de ses 15 millions d'années d'existence, et il a soudainement disparu. C'est un message très fort.

D'un autre côté, poursuit Chris, quand j'ai commencé à travailler avec les grands blancs, nous n'avons jamais vu de baleines à bosse. À la fin des années 1960, à la fin de l'époque de la chasse industrielle à la baleine, elles avaient pratiquement toutes disparu. Cependant, grâce à des individus passionnés et à des gouvernements éclairés qui ont mis fin à la chasse aux baleines, leur nombre a lentement augmenté Nous pouvons désormais voir de superbes groupes de plus de 150 géants des mers dans une zone qui n'est pas plus vaste que deux terrains de football ».

Un technicien portant des gants violets travaille sur le circuit d'un appareil Canon, posé sur une table, le capot arrière retiré.

Possédez-vous un équipement Canon ?

Enregistrez votre équipement pour bénéficier de conseils d'experts, faire réparer ou entretenir votre matériel, participer à des événements sources d'inspiration et profiter d'offres exclusives grâce aux Services professionnels Canon.
Une photo monochrome à contraste élevé, prise par Chris Fallows à l'aide d'un Canon EOS R5, immortalise un groupe de baleines qui expulsent un jet d'eau simultanément. Les baleines elles-mêmes sont à peine visibles, seuls leurs embruns ressortent sur un ciel orageux.

Un groupe de baleines expulsent un jet d'eau simultanément alors qu'elles remontent à la surface pour respirer. Le rétablissement des populations de baleines n'est pas seulement important car ce sont de belles créatures. « Les baleines produisent plus de déchets par animal que toute autre espèce sur la planète », explique Chris, « et ces déchets servent de nutriments à de minuscules organismes appelés phytoplancton. Grâce à la photosynthèse, ces derniers produisent 50 % de l'oxygène dans l'atmosphère. Ainsi, sans les baleines et le petit phytoplancton, nous aurions peut-être du mal à respirer chaque jour ». Photo prise à l'aide d'un Canon EOS R5 équipé d'un objectif Canon RF 70-200mm F2.8L IS USM à 70 mm, 1/1250 s, f/5 et ISO 50. © Chris Fallows

La queue d'une baleine se dresse à la verticale de la surface de l'océan sur cette photo monochrome à contraste élevé, prise par Chris Fallows à l'aide d'un Canon EOS R5.

« J'adore mon EOS R5 », s'enthousiasme Chris. « Les fichiers haute résolution sont idéaux pour imprimer ces immenses toiles, mais cet appareil photo hybride permet également de déplacer très rapidement le collimateur n'importe où dans le cadre. Cela fait une énorme différence à mes yeux sur le plan artistique ». Photo prise à l'aide d'un Canon EOS R5 équipé d'un objectif Canon RF 70-200mm F2.8L IS USM à 200 mm, 1/8000 s, f/7,1 et ISO 250. © Chris Fallows

Chris et sa femme Monique utilisent les fonds récoltés grâce à la vente de ses photographies d'art pour acheter des terres en Afrique australe afin de protéger l'habitat naturel et de créer des corridors fauniques. « En définitive », dit-il, « la chose la plus importante que nous puissions faire au cours de notre vie très privilégiée est de mettre en valeur les emblèmes de notre planète et de raconter leur histoire, heureuse comme malheureuse, à davantage de personnes ».

Chris a organisé une exposition d'un an dans l'aéroport international de Dubaï (DXB) dans ce but précis. Les voyageurs de passage peuvent ainsi découvrir une exposition percutante, couvrant plus de 50 mètres d'espace mural, qui souligne l'urgence d'agir pour protéger les espèces menacées de notre planète. « DXB est l'aéroport le plus fréquenté au monde », souligne Chris, « et cette exposition pourrait être vue par 90 millions de passagers. Cela nous offre une visibilité exceptionnelle.

Alors oui, j'essaie de prendre de belles photos, mais en fin de compte, mon objectif est de faire parler de ces animaux emblématiques et de raconter leur histoire, tout en soulignant l'importance de les préserver ».

Un mur de tirages grand format de photos d'animaux sauvages prises par Chris Fallows sur toute la longueur d'un hall de l'aéroport à Dubaï.

L'exposition de Chris à l'aéroport de Dubaï se compose de deux parties : Moments in Time présente « les sujets et espaces sauvages emblématiques que j'ai eu le privilège de photographier » et The 11th Hour met en lumière les pressions auxquelles le monde naturel fait face et l'urgence de ce qu'il décrit comme « les deux choix que nous, en tant qu'animaux sur cette planète, pouvons faire dès maintenant ».

Le photographe animalier Chris Fallows, debout devant un mur de tirages grand format de ses photos d'animaux sauvages dans les aéroports de Dubaï, parle à une foule de personnes.

Chris explique qu'il cherche à s'associer à des organisations qui partagent la même vision que lui pour ses projets. « Le groupe Dubai Airports est signataire de la Déclaration du Palais de Buckingham et membre du groupe de travail United for Wildlife Transport », indique son PDG, Paul Griffiths. « Nous nous engageons à soutenir les initiatives visant à lutter contre le commerce illégal d'espèces sauvages dans le monde et à garantir un avenir plus sûr pour la faune et la biodiversité de la Terre. Cette exposition exceptionnelle réaffirme l'engagement du groupe Dubai Airports en faveur de la préservation des espèces et du développement durable ».

Obtenir une vue d'ensemble

Contrairement à la plupart des photographes animaliers, Chris préfère les objectifs grand-angle aux téléobjectifs. « J'aime me rapprocher de mes sujets. Lorsque je prend des photos à bord d'un bateau, je n'utilise pas d'objectifs longs, car ils amplifient le mouvement lorsque l'on photographie de loin. Par conséquent, sur l'eau et dans la brousse, j'utilise un objectif Canon RF 70-200mm F2.8L IS USM environ 80 % du temps. Sous l'eau, j'utilise toujours un objectif EF 8-15mm ».

La prise de vue sous-marine (qu'il s'agisse de photos ou de vidéos) est complexe en raison des propriétés optiques de l'eau, et les objectifs grand-angle sont plus une nécessité qu'un choix, comme le sait Nicolai Deutsch. « Il faut s'approcher au plus près du sujet à cause de la densité de l'eau », explique-t-il. « L'eau crée également un effet de distorsion. Pour l'éviter, on doit utiliser un dôme ou des objectifs sous-marins spécialement conçus. Pour obtenir une qualité d'image optimale, j'utilise un objectif de kit Canon RF 24-50mm F4.5-6.3 IS STM bon marché, qui me permet de filmer l'arrière de l'objectif sous-marin. C'est un peu compliqué. Toutefois, cette combinaison d'objectifs me permet d'obtenir une qualité d'image exceptionnelle, en particulier pour la faune ».

Le vidéaste sous-marin Nicolai Deutsch, tenant une Canon EOS R5 C, s'apprête à la mettre dans un caisson étanche.

« Lorsque j'ai besoin de prendre des photos et d'enregistrer des vidéos, j'utilise une Canon EOS R5 C », souligne Nicolai Deutsch. « Ses fonctionnalités vidéo sont remarquables, la qualité est excellente et, en appuyant simplement sur un bouton, je peux prendre des photos de 45 millions de pixels au format RAW 14 bits. Comme je réalise surtout des vidéos (90 % de mes projets sont des vidéos), en plus de l'EOS R5 C, j'utilise une EOS C200 ainsi que la nouvelle EOS C400, en plus de l'EOS R5, avec des caissons étanches Nauticam ».

Le vidéaste Nicolai Deutsch photographié sous l'eau, en équipement de plongée. Il nage au-dessus d'un récif corallien et tient un rig complexe avec des lumières ainsi qu'un appareil Canon dans un caisson étanche.

Parmi ses projets de préservation, Nicolai a tourné un film évoquant le commerce légal et illégal de poissons exotiques issus des récifs coralliens. « Les gens les sortent de l'écosystème et les expédient en Europe, en Chine, partout dans le monde ».

Filmer la vie marine sous l'eau

« Je plonge depuis 20 ans maintenant (j'ai commencé étant enfant) et je constate que les endroits que j'ai visités il y a 10 ou 15 ans sont en souffrance », confie Nicolai. « Le blanchissement des coraux est bien visible, tout comme la diminution du nombre de poissons. Il y a plusieurs raisons à cela, notamment le surtourisme ».

« Les gens ne voient pas ce qui se passe sous la surface. C'est difficile à comprendre, mais il existe de très petites zones où tout est encore intact et sain, mais si l'on va un peu plus loin, dans des endroits où il y a beaucoup de pêche et d'autres activités, le paysage sous-marin change complètement et il n'y a plus de vie.

« Même en Méditerranée, on trouve des parcs marins protégés ou nationaux en bonne santé qui abritent de nombreux poissons. Lorsqu'on filme là-bas, on enregistre de superbes images de coraux, de poissons, de vie marine. Les gens qui ne sont pas du secteur ou ne plongent pas les voient et se disent : "Voilà donc à quoi ressemblent les océans, ils ont l'air en bonne santé". En réalité, il n'y a que quelques endroits dans le monde qui ressemblent encore à cela ».

Nicolai Deutsch

Le réalisateur allemand Nicolai Deutsch s'est spécialisé dans la réalisation de films sous-marins révélant toute la beauté de la nature dans le monde entier. Il crée des vidéos captivantes qui portent un regard neuf sur la vie dans les eaux.

Équipement préféré : EOS C400, objectif RF 24-50mm F4.5-6.3 IS STM, caisson Nauticam
Cette image, tirée d'une vidéo sous-marine de Nicolai Deutsch, montre une tortue imbriquée, une espèce en voie de disparition, nageant au-dessus d'un récif rocheux.

Nicolai se décrit comme quelqu'un de « pointilleux sur la technique » et explique que l'optimisation des paramètres est essentielle pour lui. Il fouille dans les menus de son appareil photo et teste différentes fonctionnalités. Par exemple, lorsqu'il a installé un EOS R5 dans un caisson étanche pour la première fois, il a activé l'autofocus avec détection des yeux des animaux pour voir s'il fonctionnerait, et a été ravi lorsque le cadre AF s'est déplacé sur l'œil d'un brochet. « Il ne fonctionne pas avec tous les poissons et tous les animaux », indique-t-il, « mais je me suis dit : ça, c'est fort ! »

Cette image extraite d'une vidéo sous-marine de Nicolai Deutsch montre un requin-taureau à mi-distance, avec quelques coraux filiformes au premier plan.

Les requins sont craints partout dans le monde, mais moins de dix humains sont tués par des requins chaque année. En revanche, on estime que 100 millions de requins sont tués par les humains chaque année, en particulier dans les régions du monde où ils sont considérés comme une source de nourriture. En réalité, explique Nicolai, « les requins sont la "police sanitaire" des récifs et veillent au maintien de l'équilibre naturel ».

Le travail de Nicolai montre principalement des gens sous l'eau pour illustrer la dégradation des habitats sous-marins, le déclin des populations d'animaux sauvages et d'autres impacts de l'activité humaine sur la vie marine.

« Je travaille avec une ONG ici en Allemagne, Mission Erde, fondée par Robert Marc Lehmann, également ambassadeur Canon. Habituellement, Robert prend les photos. Quant à moi, je réalise la plupart des vidéos. L'objectif de Mission Erde est de sensibiliser le public à des questions telles que la pollution des océans, la pollution plastique et la surpêche.

En Indonésie, par exemple, les requins se font de plus en plus rares chaque année à cause de la surpêche. En outre, les pêcheurs doivent désormais aller plus loin et passer plus de temps en mer, au péril de leur vie. Nous documentons tout cela et expliquons également qu'il existe de meilleures solutions, comme l'utilisation touristique des requins. Cela contribue également à protéger les récifs, car les requins jouent un rôle important dans l'écosystème et c'est ce que nous expliquons ».

Le vidéaste sous-marin Nicolai Deutsch tient un rig de tournage sous-marin et filme un petit banc de poissons : la lumière pénètre dans l'eau déserte qui les entoure.

« Toutes mes prises de vues sont au format RAW », précise Nicolai. « En filmant à travers l'eau, on perd beaucoup de couleur avec la profondeur et la distance, je me dois donc d'avoir la profondeur de bits la plus élevée et le plus d'informations possible sur l'image. L'étalonnage des couleurs peut s'avérer complexe, car plusieurs clichés réalisés à différentes profondeurs auront des balances des blancs différentes. Cela change très vite. La couleur de l'eau varie également : elle peut être bleue le matin et verte l'après-midi. Aux Maldives, la couleur varie en fonction des courants : si le courant provient de l'océan, l'eau est bleu clair, mais s'il en sort, sa teinte devient verte et l'image est plus "délavée". Le format RAW est très utile pour réaliser des clichés homogènes ».

Le vidéaste sous-marin Nicolai Deutsch pilote son rig de tournage sous-marin entre des affleurements de corail colorés.

Même lorsqu'ils tournent des documentaires sur la faune sauvage, les vidéastes éthiques n'utilisent jamais de leurres et ne tentent pas d'influencer le comportement des animaux de quelque manière que ce soit. « Même si on a une idée précise de ce qu'on souhaite photographier ou filmer, explique Nicolai, on attend patiemment le bon moment. Parfois, cela fonctionne, parfois non. J'utilise un équipement de plongée haut de gamme doté d'un recycleur, ce qui me permet de rester sous l'eau pendant trois ou quatre heures, mais cela peut prendre des semaines, des mois, voire des années pour obtenir l'image qu'on recherche ».

Nicolai évoque ouvertement la pollution plastique. « Désormais, on trouve du plastique à chaque plongée. Il n'y en a pas autant sur les sites de plongée en Indonésie, car les gens ramassent les déchets. Les guides veulent garder le récif propre, et les visiteurs apprécient. Toutefois, nous avons fait quelques plongées de nettoyage à quelques centaines de mètres des sites de plongée. Il y avait tout un tas de détritus ».

« Comme ils sont cachés sous l'eau, les gens ne les voient pas. Si les détritus jonchaient les rues, nous serions davantage conscients du problème. Réaliser des vidéos me permet de témoigner de l'ampleur du problème. J'ai tourné quelques séquences avec une autre ONG ici en Allemagne pour documenter la pollution des rivières. Au cours des quatre dernières années, plus de 10 tonnes de détritus ont été extraites dans une très petite partie de cette rivière. Je m'y suis déjà rendu trois fois, et chaque fois que nous plongeons au même endroit, nous en trouvons toujours plus. Comme l'a souligné l'un de mes collègues, imaginez si la rivière était aussi transparente que l'air et que nous pouvions voir tout cela. Les gens deviendraient fous. Mais comme nous ne les voyons pas, nous ignorons leur existence. Et cela se passe en Allemagne, où le taux de recyclage est l'un des plus élevés au monde ».

Selon Nicolai, la vidéo permet de révéler ces problèmes et d'« éveiller les consciences ». « Une photo est un très bon outil de communication, mais je pense qu'une vidéo a encore plus d'impact. On ne se contente pas simplement d'immortaliser un instant. Avec une vidéo, je peux utiliser de la musique, une voix off, je peux expliquer des choses. La musique permet d'installer une ambiance et de susciter des émotions ».

Nicolai note que Mission Erde totalise près de 205 millions de vues sur YouTube depuis sa création en mai 2021, une grande réussite qu'il attribue à son utilisation de la vidéo.

« J'aimerais pouvoir emmener tout le monde voir ces requins en Indonésie, mais ce n'est pas possible. La vidéo me permet de les leur montrer. On peut montrer de belles choses, mais aussi des choses horribles. La vidéo peut sensibiliser comme aucun autre support ».

Grâce à cette dimension supplémentaire, souligne-t-il, les réseaux sociaux peuvent devenir bien plus que des plateformes de divertissement et contribuer à changer les choses. « La demande de contenu vidéo en ligne a vraiment explosé l'an dernier, et c'est fantastique de contribuer à cette croissance. Le plus important pour moi, c'est d'essayer de ne pas créer de contenu stupide ou superficiel, mais de proposer du contenu éducatif et d'essayer d'avoir un impact positif ».

Apprenez-en davantage sur le suivi de l'évolution rapide des écosystèmes dans cet épisode du podcast Shutter Stories de Canon avec Nicolai Deutsch et Robert Marc Lehmann :

Grâce à leurs photos et vidéos réalisées sous et au-dessus de la surface de l'eau, des professionnels passionnés tels que Chris et Nicolai témoignent de la vie marine et de l'état des milieux marins. Tous deux montrent comment le pouvoir des images, qu'elles soient publiées sur les réseaux sociaux ou exposées, peut contribuer à éveiller les consciences concernant l'état de la biodiversité dans les océans partout dans le monde et à promouvoir la préservation des espèces.

Alex Summersby

Articles liés

Des résultats à la hauteur des risques : témoignage de Chris Fallows sur la photographie de requins

Chris Fallows, photographe animalier et ambassadeur Canon, parle de son amour pour les requins et de la découverte remarquable qu'il a faite sur leur comportement.

Les mondes sous-marins, avec Nicolai Deutsch

Découvrez comment le cinéaste Nicolai Deutsch utilise la caméra Canon EOS C200 pour filmer des images époustouflantes de la vie sous-marine.

Les meilleurs appareils photo et objectifs pour la photographie animalière

Le photographe animalier professionnel Maxime Aliaga dévoile son kit de prédilection pour produire des images époustouflantes du monde naturel.

Prise de vues hybride avec le système EOS R

Trois professionnels du monde animalier évoquent la transition de la photo à la vidéo, l'équipement Canon qui a rendu cela possible et la manière dont les amateurs d'hybride peuvent franchir ce cap.

Recevez la newsletter

Cliquez ici pour recevoir des histoires inspirantes et des actualités passionnantes de Canon Europe Pro